• 11 mai 2016

Lorsque l’on me nomme, je disparais…

Lorsque l’on me nomme, je disparais…

Lorsque l’on me nomme, je disparais… 150 150 Emmanuel Dodé

Tout comme le silence, l’état de fluidité est fait pour être vécu pleinement ! L’observer nous fait quitter cet état mental complexe et très particulier. Celui qui permet le dépassement de soi.

Bravo François Gabart pour ta victoire dans la Transat Anglaise !!!

Etre en phase avec soi-même pour être à la mesure de guider un multicoque océanique !!!

Etre en phase avec soi-même pour être à la mesure de guider un multicoque océanique !!!

L’interview que tu donnes ici, révèle que tu y as passé cette Transat en « état de fluidité » !!!

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The Transat. François Gabart : « C’est exceptionnel de faire ça ! »

Après 8 jours 8 h 54′ 39 », François Gabart a donc remporté la Transat anglaise, mercredi à 00 h 24′ (heure française) à New York. Ivre de fatigue, le skipper du maxi-trimaran Macif a pourtant trouvé la force de raconter sa course. Interview.

– Traverser l’Atlantique Nord en solitaire, en course, à plus de 23 nœuds de moyenne, c’est un peu hallucinant non ?

C’est hallucinant de faire des trucs comme ça, c’est ça qui est intéressant. Ça me plaît de faire des choses compliquées, de se dire qu’en travaillant ou juste en essayant, on peut y arriver. C’est loin d’être simple. Naviguer à 35 nœuds en solitaire sur un engin comme ça, c’est un truc de fou. Peut-être que je suis fou d’ailleurs (rires). Il faut probablement l’être un peu.

– C’est le truc le plus dingue que vous avez fait en tant que coureur au large ?

Ah oui, physiquement, c’est vachement dur. L’énergie que l’on met à tourner les manivelles est colossale dans un temps relativement condensé. Évidemment, on pourrait naviguer sans changer de voiles, sans les border et ça marcherait très bien pour traverser l’Atlantique. Mais en course, tu n’as pas trop le choix. En monocoque Imoca, tu arrives plus à temporiser, tu peux supprimer des étapes. Ici, tu n’as pas le choix, tu dois border et tu y passes un gros quart d’heure.

– Michel Desjoyeaux affirme que le solitaire en multicoque est dix fois plus dur qu’en monocoque. Etes-vous d’accord ?

J’ai du mal à le dire. En tout cas, moi je m’éclate là-dedans, c’est là que je veux être. Je trouve que c’est génial. Ce qui change vraiment en multicoque, c’est tout bête mais c’est le fait de savoir que tu peux te retourner. En Imoca sur le Vendée Globe, mon objectif était d’être à fond pendant 70 jours. Je voulais être performant sur cette longue période-là. Ici, le problème n’est pas de choquer un peu pour avancer plus vite, c’est d’être prêt à choquer sinon tu chavires. Donc, tu n’as pas le choix en multi. En monocoque, tu peux très bien aller à la bannette te reposer, au pire, tu vas deux nœuds moins vite que les autres, ce n’est pas très grave. En multicoque, ce n’est pas comme ça que tu fais. Le stress, tu te le mets. Tu peux te stresser pour ce que tu veux. Moi je ne suis pas stressé dans la vie en général. J’ai la conscience du danger. Je sais que le risque existe. Il y a des moments qui sont chauds. Hier, j’étais en train de ranger une voile sur l’avant, le bateau est monté sur un patin et je suis revenu rapidement dans le cockpit assez rapidement. Et tu te dis, heureusement que ç’a choqué….

– Thomas Coville vous a poussé dans vos retranchements ?

C’est le jeu. Il m’a mis la pression, je lui ai mis la pression. C’est la course et ça nous fait progresser. En course, tu gères quand tu as 100 milles d’avance, tu peux te satisfaire d’une première place. En configuration record, moi, je ne veux pas battre le record seulement d’une seconde, ce n’est pas ma conception des choses. Mon objectif sur un record de l’Atlantique, c’est de traverser de la façon la plus belle et la plus rapide possible. En course, c’est différent, tu veux juste être plus fort que celui qui est  côté de toi.

– Vendée Globe, Route du Rhum, Transat Jacques Vabre et maintenant la Transat anglaise, le tout en seulement quatre ans. Vous mesurez la qualité de vos performances ?

Il y a une certaine fierté de se dire qu’on est capable de traverser l’Atlantique seul sur un maxi-multicoque. Là, je progresse encore. A chaque course, je progresse, j’emmagasine de l’expérience. Disons que je constate que les choses s’enchaînent bien, c’est presque un peu irréel. Je fais du sport de haut niveau depuis longtemps et j’y mets le même engagement. J’ai fait cinq ans de voile olympique et je n’ai jamais été champion du monde, je ne gagnais pas.

– Jusqu’où voulez-vous aller ?

Toujours plus haut, je ne vais pas m’arrêter, je veux continuer à progresser sur des bateaux comme celui-là. A chaque fois que l’on dispute des courses en solitaire sur de tels engins, on se met dans un état où on n’a pas d’autre solution que d’aller chercher au fond de soi même. Et ce n’est pas sur n’importe quelle course, il faut que ce soit sur la course importante. Il faut même que ce soit suffisamment long pour pouvoir entrer dans une sorte d’osmose entre toi et le bateau. Quant tu es dans cet état-là, tu vas chercher des choses au fond de toi que tu ne vas pas chercher ailleurs. Au niveau humain, c’est passionnant d’aller chercher des choses que tu ne trouves pas dans la vie de tous les jours.

– Vous vous êtes mis dans le rouge ?

Je me suis carrément dans le rouge, j’ai eu des hallucinations. Physiquement, j’y suis allé à fond. J’ai pris des risques. Avec les nouveaux bateaux qui vont arriver (ndlr : Banque Populaire et Gitana), je sais que le curseur va encore monter et c’est ça qui est génial. Ça nous permet de progresser, d’aller plus loin. C’est exceptionnel de faire ça, j’en suis conscient. Il y a un mois et demi, j’étais dans mon canapé et je me demandais comment j’allais faire ça. Je ne savais pas comment prendre le truc. J’étais au pied de la montagne. Je l’ai passée et hop, je redescends car il y en a d’autres à aller gravir.

– ll va vous falloir du temps pour vous remettre d’une telle débauche d’énergie ?

Je suis incapable de le refaire demain. Il faut que ce soit exceptionnel pour que tu t’y mettes à fond. Que tu y mettes ton corps, ton mental, ton énergie J’aime tellement ça.

– Votre prochain challenge, c’est l’Atlantique nord en solitaire début juin. Pas trop dur d’enchaîner si vite ?

Non, j’y ai déjà pensé, c’est un exercice différent. Si, physiquement, je suis toujours aussi HS dans deux-trois semaines, si je ne peux pas traverser en toute sécurité, j’irai en équipage. Je peux mettre mon curseur d’objectifs plus ou moins haut. Je suis un débutant sur ces bateaux-là.

– Un débutant qui bat un marin expérimenté dès sa première course en solitaire…

Oui, mais c’est le sport. C’est le côté écœurant du sport. J’ai fait suffisamment de sport dans ma vie pour savoir ce que c’est. J’ai fait plus de courses que je n’ai pas gagnées que de courses victorieuses. L’hiver prochain, Thomas Coville va retourner s’attaquer au record du tour du monde en solitaire et j’espère vraiment qu’il va le battre. Moi, par contre, je ne suis pas prêt à faire un tour du monde cet hiver. Je n’ai pas le niveau. Le couple bateau-Gabart n’est pas prêt.

© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/voile/the-transat-francois-gabart-c-est-exceptionnel-de-faire-ca-11-05-2016-11063764.php#Izpm1JjFZk9TPC5C.99

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Et même si le résultat brut de mon dernier championnat ne sonne pas la victoire finale, je dois dire que j’y ai passé un bon moment au sein de la bienveillance de cet état si particulier. Le sport et sa dose de challenge est un bon moyen de le vivre régulièrement.

A très vite pour la suite

Carpe Diem

Emmanuel

 

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